24 – La Fève
24 est le troisième album de La Fève parût le 22 décembre 2023. Ce projet composé de 20 titres, a déjà cumulé 3,38 millions de streams en seulement 24h. Différents featurings sont présents tels que Yung L.A, Tiakola, Knucks et Zequin.
À travers son nouveau projet, La fève marque son retour avec beaucoup d’égotrip, de nostalgie, de Trap, et d’influences américaines.
Un nouveau 7
Deux ans après la sortie de son précédent projet ERRR sorti en 2021, la Fève nous pond 24. Un tout nouveau projet aux inspirations d’Atlanta. On y ressent un La Fève grandi, étant fier de son parcours. On peut notamment le remarquer dans les paroles de ses titres. Dès le début de l’album, la première phrase que Le 7 nous dit c’est : « Mon histoire est belle, j’ai fait beaucoup avec peu ». La Fève est fière du chemin qu’il a accompli et ne tarde pas à nous l’annoncer. Cette phrase dite dans ZAY INTRO nous met directement dans le bain dans l’un des aspects les plus importants de 24 : La Fève lui-même. Beaucoup d’introspection est réalisée et l’artiste revient beaucoup sur son passé. Il est beaucoup plus transparent qu’il ne l’était sur ces précédents projets. C’est la grande nouveauté de cet album. Le 7 a accompli de belles choses et il en est reconnaissant. Dans SUITE par exemple, il dit : « J’ai suivi le process malgré les mauvais choix, il fallait le faire, il fallait oser. »
Cependant, il est conscient que son parcours n’a pas été facile. C’est pourquoi, beaucoup de titres dans cet album, ont une ambiance mélancolique. Par exemple, CHIENNE DE TRAPLIFE, 500 (ft. Tiakola) ou encore 24 (l’un des titres), où il dit : « j’marchais dans la tempête avec mon jnoun à la recherche d’une putain de flamme », rentrent dans cet aspect mélancolique. Il insiste sur le fait que malgré les difficultés, il n’a rien lâché. C’est pourquoi il reste autant nostalgique de son passé : « j’dis pas que c’est mieux là mais mes souvenirs me rendent nostalgique » cf. NOSTALGIE INTERLUDE. En fin d’album, il revient sur ses accomplissements, à sa manière, avec un flow beaucoup plus posé, mais toujours en rythme avec l’instru. En gros, il parle littéralement à l’auditeur. Ça prouve à quel point La Fève est quelqu’un de simple et d’original. C’est une très bonne manière de finir son projet.
Par contre, La Fève est un grand adepte de l’égotrip et ce projet n’échappe pas à la règle. Sous fond d’introspection, il en profite toujours pour vanter le succès de son personnage. Maintenant assez connu, la fève a longtemps été un rappeur faisant partie de la scène underground, commençant le rap en 2015, c’est seulement après la sortie de ERRR en 2021 qu’il est réellement révélé au grand public. Il semble très sûr qu’il allait faire carrière dans la musique. C’est ce qu’il nous dit dans la phrase très emblématique de 7W : « Je savais que je n’allais pas devenir avocat ou médecin ». Il n’hésite pas à faire tourner la plupart des sujets abordés dans son album autour de lui. Par exemple dans HOMESTUDIO, il dit : « J’ai gouté le ciel, je ne savais pas que je pouvais voler si haut ». Il est très conscient du succès de son personnage.
Trap et Atlanta, les mots d’ordre de 24.
Cet album s’inspire des États-Unis, mais surtout d’Atlanta. La ville d’où est originaire Lil Baby, Migos ou encore Young Thug. Atlanta, hip-hop et gansta est le mélange parfait pour réussir la recette que j’ai nommé : la Trap.
La trap est un courant musical naissant à Atlanta au début des années 2000. Les grands précurseurs de la trap qui ont contribué à la faire connaître au grand public sont par exemple, Yung Jeezy, Gucci Mane ou encore Rick Ross. Quelques années plus tard, d’autres grands artistes comme Future ou Chief Keef, avec son célèbre titre I Don’t Like , l’ont remit en valeur pour le public international.
Du côté de la scène francophone, c’est aux alentours de 2012 que la Trap explose avec Kaaris, Booba ou encore Gradur avec son titre Terrasser, qui s’emparent du phénomène. Elle fait partie des genres musicaux les plus populaires du Hip-Hop américain, et se caractérise, selon Wikipédia par « des patterns de hi-hat complexes, des kick drums modifiés avec une longue décomposition, et des paroles focalisées sur les violences urbaines et la vente de drogues.» généralement avec un tempo aux alentours des 70 BPM.
Ce n’est pas la première fois que La Fève fait de la Trap. Pourtant, il est d’abord considéré comme un rappeur faisant partie du courant musical « newgen », il nous prouve le contraire en revisitant un genre ayant explosé il y a plus de deux décennies à l’heure actuelle. Ses premiers titres publiés sur les plateformes de streaming (à part Soundcloud) sont de la Trap. On peut citer comme exemple Lady D ou encore l’Affamé tous les deux parût en 2020. Dans 24, on entends parfaitement la Trap et les influences américaines, il est très à l’aise dans ce genre musical et respecte bien ses règles. Cet album appartient clairement à ce genre musical, La Fève le qualifie lui-même en tant que tel. Il invite même un beatmaker pionnier lui aussi de la trap : Zaythoven. Ce dernier est un beatmaker très populaire et emblématique d’Atlanta ayant déjà collaboré avec des artistes tel que Usher, Young Dolph, Lil Yatchy ou encore Waka flocka Flame. Dans ce projet, il a produit Zay intro et RIP KEED.
Aussi, les choix des lyrics utilisés démontrent parfaitement l’influence qu’a la Trap et les États-Unis sur la musique du 7. Il utilise énormément de mots en anglais et la plupart des titres de son album sont en anglais. Deux artistes anglophones sont parmi les featurings, Yung L.A dans TYPE SHIT et Knucks dans QUI?. D’ailleurs dans ce dernier, c’est la Drill qui est mise en valeur, un genre musical originaire de Chicaco, au nord-est des États-Unis.
La Fève ira même jusqu’à tourner le single promotionnel de cet album Loyal à Atlanta où l’on découvre les horizons de la ville.
Inspirations, beatmakers et lunettes…
Sans même mentionner le clip à Atlanta, La Fève n’hésite pas à montrer ses inspirations américaines. Comme je l’ai dit plus haut, on le remarque notamment dans les paroles dites, les noms de ses titres ou encore les featurings. Beaucoup de références aux célébrités américaines sont faites. Par exemple, dans la tracklist on aperçoit surtout deux sons ayant un nom presque similaire : RIP KEED et RIP DOLPH . Ces deux titres font références, à deux rappeurs américains très populaires, tous deux décédés : Lil keed et Young Dolph qui sont respectivement, derrière les célèbres titres : Snake et 1 Scale. Également dans RIP KEED, la Fève se compare à Cassius Clay, le nom de naissance de Mohamed Ali : « insolent j’me sens comme Cassius Clay, j’m’amuse en les feintant. » Encore une fois de l’égotrip et une mention à ses influences américaines.
La Fève accorde également une grande importance à ses beatmakers dont il a l’habitude de collaborer avec la plupart. Les beatmakers qui reviennent le plus souvent dans les productions de ce projet sont Lyele gwapo, FREAKEY! et aussi Kosei avec qui il a sorti un projet entier : KOLAF. Dans ses albums, certains titres sont nommés après les beatmakers. Par exemple, ZAY INTRO, pour Zaythoven ou encore LYELE OUTRO (dans ERRR) pour Lyele gwapo. On remarque aussi que ces titres marquent la fin et le début de ces deux derniers projets et donc une suite entre les 2. OUVRE LA PORTE est aussi nommé après le beatmaker Fakri Jenkins. En effet, c’est la phrase qu’il utilise pour son tag de beatmaker.
Les instrumentales très mélodieuses et qui sortent de l’ordinaire sont une marque de fabrique pour le 7. MA CHIENNE DE TRAPLIFE, LOYAL et OUTRO sont pour moi les meilleures prods du projet.
La tracklist quant à elle est super bien construite et les titres s’enchainent facilement. Notamment avec quelques transitions travaillées comme celle entre OUVRE LA PORTE et RIP DOLPH, l’instru continue entre les deux sons. Chaque titre a sa propre mélodie, ne ressemble pas aux autres et apporte sa pierre à l’édifice. Cependant, je me suis ennuyé sur certains sons tel que Type shit et nostalgie interlude où j’ai trouvé les couplets et refrains de la Fève ennuyants et très monotone. Ces deux titres sont des skips pour ma part.
La direction artistique, dirigé par @hanabi_officee pour les covers, fait beaucoup penser à la cover de son précédent album ERRR. En effet, on y retrouve La Fève avec des lunettes (sa marque de fabrique aussi) sur fond de couleurs ternes : bleu, rouges et noires. D’ailleurs, les lunettes rouges que porte La Fève, ont été crée spécialement à l’occasion de la cover, par le designer @marierohanaa. Aussi, les auditeurs ayant précommandé 24 ont le droit à une cover différente. On peut interpréter le fait que l’album soit nommé de cette manière suite à l’age qu’à l’artiste lors de la publication de cet album.
24 est annoncé grâce au clip de LOYAL où on y retrouve la phrase suivante au début du clip : « mon prochain projet est prêt, Merci pour l’attente. Merci pour la force que vous m’avez donnée pendant ces deux ans ». Suite à cela, le Walone, le site de la précommande est rendu disponible.
En conclusion…
C’est avec une agréable surprise que 24 est accueilli du côté du grand public. Les auditeurs ont été récompensés de leur attente. Cependant, les avis sur la cover sont mitigés, certains l’aiment, d’autres la trouvent faite avec peu d’efforts. Et cela en va de même avec la cover spéciale pour les précommandes. De mon côté, je trouve que 24 est un très bon projet malgré 2 skips, La Fève nous produit ce qu’on attend de lui et nous fait découvrir sa Trap à sa façon. Personnellement, j’apprécie la DA de ce projet. J’ai hâte d’écouter ses prochaines sorties.